Avec Jean-Yves Brignon, Noémie Colardeau, Anne Didon, Rémi Lelong, Léo Moussu, Sean Rees, Chloé Wipraechtiger
Scénographie : Benjamin Mornet
Composition musicale : Helen Beauchamp
Chorégraphies : Martin-Matthias Ysebaert
Durée : 1h40
On ne badine pas avec l’Amour, théâtre des lieux et des sentiments.
Un espace circulaire, arène où Camille et Perdican se rencontrent, se ressentent, s’expriment, se reconnaissent, s’aiment et se rejettent. Au fond, des panneaux mobiles dessinent la zone du château, mais aussi celle de la forêt, de la fontaine, du chemin… De chaque côté, une porte d’où rentrent nos protagonistes, tels deux gladiateurs prêts à entamer une joute verbale. Autour, des bancs et parfois même, du public.
Ainsi vont se dessiner les espaces de notre création On ne badine pas avec l’Amour. Espaces de rencontre, espaces de manipulation, espaces de voyeurisme. La scène circulaire rappelle le théâtre antique, en donnant une importance capitale au chœur dans la pièce. Les comédiens entrent par les portes, passent au dessus des bancs, espionnent derrière un panneau ou sous un arbre en donnant à voir et à entendre avec fluidité le texte de Musset.
Très vite, les panneaux mobiles s’écartent pour donner à voir l’intérieur du château. Ce sera l’espace du pouvoir des adultes, celui où se tisse de nombreuses intrigues dès les premières scènes. Petit à petit, nous comprenons que ce lieu au lointain permet de mettre au premier plan la rencontre et la valeur des sentiments vécus par les jeunes amants. Dans notre mise en scène, pas de doublon dans les rôles, il s’agit bien de mettre en exergue l’écart d’âge des différents personnages, de montrer comment la jeune génération échappe au projet qu’on leur destine, jusqu’au drame final. Les jeunes acteurs traversent de manière très physique les émotions tandis que chaque comédien plus âgé travaille sur la posture, le statut de son personnage.
Dès la première fermeture de ces panneaux, nous sentons que l’espace se resserre et se focalise. Le contemporain et l’ancien s’y mélangent, toiles d’opéra recyclées et structure en aluminium moderne, comme des scalpels qui opèrent les personnages à cœur ouvert. La pièce d’Alfred de Musset est à la fois ancrée dans une époque et résolument moderne.
Dans la scène de la fontaine, l’eau est traitée comme miroir. Miroir qui représente le mensonge et la manipulation et qui s’étend sur scène. Cette fontaine faite d’eau en tissu restera jusqu’au bout tandis que la chambre de Camille apparaîtra du côté cour – deux espaces juxtaposés comme le choix qui se présente à Perdican.
Et lorsque les jeunes passent dans l’espace derrière les panneaux mobiles, nous savons qu’ils n’en reviendront jamais. Auront-ils seulement grandi ou auront-ils été absorbé par leur destin ? C’est cette question qui reste posée au public lorsque les panneaux se ferment pour la dernière fois sur nos personnages.