LE THEATRE DU HERON

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Juste la fin du monde

de Jean-Luc Lagarce

Mise en scène de Fanny Bloc

Avec Caroline Aïn ou Marie-Stéphane Cattaneo, Lucas Borzykowski, Louise Legendre, Gaspard Legendre et Valérie Zaccomer
Assistanat mise en scène : Bénédicte Blanchard
Dramaturgie : Estelle Baudou
Scénographie et création lumières : Benjamin Mornet

Durée : 90 min

A propos

Sur le plateau, une grande structure métallique.  Ossature de la maison peut-être. Ou bien fondations des relations familiales. Et les dialogues seulement. Les monologues et le récit. La nouvelle qui ne se dit jamais.

Au début du spectacle, Louis avance vers le public et se présente à côté de cette structure, pour mieux nous raconter. Nous sommes ses amis et, pour nous qui ne les connaissons pas, il situe chaque personnage, chaque membre de sa famille, dans le lieu de son enfance. Il prépare son retour dans cette maison quittée il y a des années.

Cela ressemble à un jeu auquel il aurait joué autrefois mais dont il aurait oublié les règles. Comme sur le plateau d’un jeu d’échecs, chaque déplacement de l’un d’eux fragilise la position d’un autre, c’est-à-dire l’équilibre d’un autre membre de la famille. Mais le jeu est plus grand et plus grave qu’une soirée Monopoly qui tourne mal. C’est le cosmos familial qui vacille avec le retour de Louis, car le fils prodigue n’a plus les codes de ce monde qu’il a quitté il y a trop longtemps.

Cela fait très longtemps que monter "Juste la fin du monde" est pour moi comme une évidence.

Juste dire et dire juste. C’est ce sur quoi nous nous attarderons. La mise en scène épurée cherchera, comme souvent dans notre travail, à mettre en valeur le texte et son essence. Comment les personnages se racontent. Quels sont les mots choisis, repris, remplacés au fur et à mesure de la pièce pour arriver à se dire, au plus juste. Les acteurs sont là et (se) formulent, au présent. Sans préméditer les états émotionnels vers lesquels ils peuvent se diriger chaque jour, presque malgré eux. La matière littéraire et théâtrale est de nouveau expérimentée à chaque représentation pour mieux en écouter ensemble la résonnance.

La simplicité de la mise en scène sera suggérée par des placements, des rapports de force créés dans l’espace, autour et dans cette structure. Quel membre de la famille prend le pouvoir ou laisse la place, arrive à (se) dire de manière juste ou au contraire ne peut que se taire et écouter. La mise en scène sera précise et discrète, s’effacera pour mieux laisser la place au texte et à sa puissance. Pour mieux entendre le dit et le non-dit. Louis vient d’un monde où on connaît ses souffrances et sa maladie. Dans sa famille, il faudrait formuler et expliquer. Il est venu pour ça. Mais le gouffre est trop grand, si bien que les mots restent ailleurs, quand son corps, lui, est ici.

Cela fait très longtemps que monter Juste la fin du monde est pour moi comme une évidence. Pour son écriture, pour son universalité, pour ce que cette matière puise et propose à chacun d’entre nous. Mais je n’étais pas prêt, ce n’était pas le moment.

Cette saison, après avoir exploré de nombreux univers classiques et contemporains différents, le texte de Jean-Luc Lagarce me semble nécessaire. C’est ce que je veux raconter aujourd’hui. La création de cette pièce suivra celle de Beginning l’an passé, où les deux personnages ont cette recherche similaire de communication juste, de sincérité. Cette question d’une si forte actualité.

Avec l’aide de professeurs de lettres, Le Théâtre du Héron mettra en place des ateliers autour du texte de Jean-Luc Lagarce, son écriture, sa puissance littéraire. La compagnie proposera un parcours pédagogique en lien avec les directives d’études et les séquences proposées par les enseignants. Cette démarche de transmission culturelle est essentielle et fait partie des fondements de notre association : le théâtre comme lieu d’expression et lieu de partage.

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